La carte postale de Louise
C’est comme un ballet. J’étais arrivée tôt, craignant la queue, l’encombrement. Pensez, faire rentrer près de 4000 personnes au même moment dans un cube qui flotte ! C’est ma première croisière. Je ne sais pas vraiment si je vais aimer. Le gigantisme, la mer en kit. Et tous ceux-là avec qui je vais devoir cohabiter, qui se précipitent en même temps que moi pour être répartis, chacun dans son petit coin de bateau. C’est comme un ballet, c’est bien huilé, ça roule tout seul. J’ai pensé à une ruche où chaque abeille sait ce qu’elle a à faire, vole sans jamais en heurter une autre, et que ça turbine sec, juste dans un bruissement d’ailes. Je n’ai presque pas attendu. Et je regardais alentour, chacun, guidé par sa petite abeille, qui filait vers son alvéole, son coin à soi. Je n’ai presque pas vu la mer. C’est ma première croisière
Louise
Croisière Fascinante Méditerranée à bord du Costa Serena
Un, deux, trois, quatre… Tout le jour durant j’ai entendu cette litanie. Comme un troupeau de biquettes, nous étions comptés et recomptés. J’avais pris cette excursion un peu par dépit. Je me sentais un peu perdue, un peu égarée dans ce voyage qui ne me demandait pas d’effort. Et Gênes me paraissait si loin.
À Gênes, j’ai attendu : l’un qui se perdait, le car qui se remplissait, le guide qui comptait. Demain, je prends le large, la poudre d’escampette, la tangente !
Louise
Croisière Fascinante Méditerranée à bord du Costa Serena
J’avais secrètement rêvé d’avoir le syndrome de Stendhal. Trop de beautés et puis on tombe d’épuisement, en pamoison, le dos de la main sur le front, la tête qui bascule sur le côté, pour donner de la beauté au geste. En sortant de Santa Croce, j’ai respiré très fort, j’ai regardé chaque palazzo de la place, j’ai appelé en renfort le souffle de Michel-Ange, de Dante, de Galilée. Mais beauté me laissait sur mes pattes. Alors je suis allée boire un café. Et j’ai pensé que Florence aurait quand même mérité un petit évanouissement.
Louise
Croisière Fascinante Méditerranée à bord du Costa Serena
Je crois que je n’ai jamais bu de café avant celui-ci. A Rome, j’avais choisi de me perdre. C’est comme ça que l’on découvre une ville, je crois. C’est comme ça que j’aime. On tourne à gauche, puis à droite, encore à gauche, juste guidé par la couleur d’une pierre, l’horizon d’une église, la lumière du soleil. Parfois, on a un peu peur, on ne sait plus où l’on est, si la mer est à gauche, le nord derrière vous. Et ce sentiment aussi est savoureux, quand on est vraiment perdu, que ce n’est plus un jeu. Et puis qu’on retrouve le chemin. Je me suis arrêtée à cette terrasse pour un rayon de soleil. Qui éclairait juste une chaise à l’angle du trottoir. Il y avait à peine quelques gouttes dans ma tasse, c’était presque une pâte noire, un concentré de gourmandise. J’avais demandé un ristretto parce que je trouvais le mot joli. Et que je n’en connais pas beaucoup d’autres en Italien. Et là, choisie par le soleil, j’ai découvert ce qu’était vraiment le goût du café.
Louise
Croisière Fascinante Méditerranée à bord du Costa Serena
J’ai toujours pensé que l’Italie avait une odeur. Quelque chose mêlé de fruits très murs, de champs brûlés par le soleil, de la transpiration un peu sûre des femmes à l’ouvrage.
A Gênes, j’ai senti l’océan. Peut-être parce que je venais de le prendre. Que j’avais été saisie des premiers vents du large. Que je n’étais pas habituée.
Florence avait une odeur de majesté. On ne peut sentir rien d’autre à Florence. A Rome, j’ai senti le café, l’odeur dense et concentrée.
A Naples, j’ai senti l’Italie. J’ai su tout de suite que c’était l’odeur de l’Italie. Parce que c’était la même que dans mon imaginaire.
Louise
Croisière Fascinante Méditerranée à bord du Costa Serena
Enfin seule. J’ai passé la journée à chercher un coin. Un coin juste à moi. Sans être bousculée par des gamins. Sans être étourdies des milles langues qui cohabitent sur le bateau. Sans entendre la musique qui envahit chaque espace. Sans sentir le monoï excité par les corps qui se retournent.
Ils sont tous en train de manger, ou au spectacle. Sur le pont, il fait un peu frais. Juste un peu. Juste assez pour les faire fuir. Je goutte le silence comme une pomme.
Louise
Croisière Fascinante Méditerranée à bord du Costa Serena
Je culpabilise un peu. Mais au fond je me réjouis. Je les ai regardés partir. Tous, ou presque. Et je suis restée là, sur le bateau. La piscine est vide et j’y ai plongé. J’ai paressé dans le sauna et j’ai pu choisir un grand canapé, face à la mer à l’Ercole bar. J’ai trouvé tout de suite un transat sur le pont et j’ai observé la valse du personnel qui réinvente le bateau à chaque escale.
Je culpabilise un peu mais que c’est bon ! Et je n’ai jamais aimé Gaudi.
Louise
Croisière Fascinante Méditerranée à bord du Costa Serena
Les portes claquent. Dans chaque cabine, j’entends que ça s’affaire. Il est beaucoup trop tôt pour finir des vacances. Bien sûr, j’ai oublié la moitié des choses dont j’ai besoin et qui sont parties avec ma valise, hier soir, emportée déjà. Tant pis, je retournerai ma culotte. Heureusement, j’ai sauvé ma brosse à dent. Il est beaucoup trop tôt. Et c’est la fin des vacances. C’était ma première croisière. Au fond, j’ai aimé ça.
Louise
Et vous ! Partagez dans les commentaires ci dessous, votre expérience à bord du Costa Serena en mediterranée…
Merci beaucoup Louise pour ce temoignage, tu m’as fait naviguer sur un tres bel itinéraire croisiere le temps de la lecture… belle performence et donc chapeau bas !
Hey Louise A quand ton posdcast avec ta voix suave pour nous emporter au dela de la brise 🙂