Vers 0600h du matin le Celestyal Cruise contourne des îles sauvages et verdoyantes, frôle des côtes escarpées et habitées, se faufile dans le chenal délimité par des bouées cardinales ; Cienfuegos n’est pas à la portée des grands paquebots.
C’est le point de départ pour une excursion vers Trinidad et c’est que j’ai choisi en sacrifiant la visite de Cienfuegos. Le temps de route est d’une 1 h 30 environ, alors que la guide qui enseigne le Français dans un lycée explique la région et ses particularités je regarde le paysage montagneux et vert. Cuba veut bien dire terre fertile et ici tout pousse à peu près correctement. Les nids-de-poule baissent la vitesse moyenne du bus, mais le chauffeur les connaît parfaitement. Des perruches bigarrées s’élancent d’un palmier, (symbole de l’arbre national à Cuba) et tracent de leur vol rapide le bleu azur taché de quelques nuages blanc. Les 80 kilomètres sont avalés en 1 h 20, et le bus roule lentement dans les rues pavées de la ville. Un petit conseil, évitez de chausser des tongs ; votre marche sera pénible et vos pieds douloureux en fin de journée.
Ne manquez pas de visiter le palais Cantero qui abrite le Museo Historico Municipal. La tour qui coiffe le palais est accessible par des escaliers ; prenez après les marches en dur, les escaliers en bois peint en bleu, c’est un peu acrobatique mais c’est une vue à 360° sur Trinidad qui vaut le coup d’œil. Rendez-vous à la tabernita, la Canchàchara pour siroter quelques savoureux cocktails frais à base d’aguardiente, de citron vert de miel et de glace dans une ambiance musicale d’un orchestre cubain. Déambulez dans la ville coloniale la mieux préservée de l’île, et classée au patrimoine mondial de l’humanité. Les scènes que vous pourrez immortaliser avec votre appareil sont sans égal, et une régale architecturale de tons bigarrés. J’ai déjeuné dans un restaurant qui m’a expulsé du temps.
Les propriétaires du 1514 ont récupéré une vaisselle incroyable, et c’est un véritable musée consacré à l’art de la table qui décore toutes les pièces. Des horloges contoises qui ne marquent plus le temps, comme des sentinelles gardent des couverts argentés, des ensembles complets de table, des soupières, verres, assiettes qui se comptent par centaines. Je ne pouvais imaginer un seul instant déjeunant dans de la vaisselle en porcelaine de Limoges. Déjeuner improbable dans une atmosphère surréaliste. Trinidad est aussi belle, paraît-il le jour que la nuit, mais pour le savoir je devrais revenir
Le bus m’attend et le navire appareille dans quelques minutes et nous arrivons 20 minutes après l’heure de retour à bord. Nous courrons sur le quai ; le Commandant actionne un bref coup de sirène en guise de remontrance. Je me demande si une autre compagnie aurait attendu une quinzaine de français indisciplinés ; j’espère ne jamais le savoir !